Révélation
Auteur : Stephenie Meyer
Résumé : Bella a fait son choix : elle s'apprête à épouser Edward. Mais le jeune homme honorera-t-il sa part du marché ? Acceptera-t-il de la transformer en vampire et d'accepter de la voir renoncer à sa vie humaine ?
J'aime : à la folie
Mon avis :
Dernière phrase : Alors, nous plongeâmes avec enthousiasme dans ce pan, ténu mais parfait, de notre éternité.
Mes passages préférés :
Extrait 1 :
Qui aurait osé se targuer de prévoir sa réaction ? Pas moi. Et certainement pas Charlie. Alice, peut-être, si ce n'est que je n'avais pas songé à l'interroger.
- Eh bien, Bella, avait-elle répondu après que j'avais bégayé les mots impensables ("Maman, je vais épouser Edward."), je suis un peu froissée que tu aies attendu aussi longtemps pour me prévenir. Les billets d'avion sont de plus en plus chers. Et... oh ! Crois-tu qu'on aura enlevé son plâtre à Phil d'ici là ? S'il n'est pas en smoking, les photos seront moins jolies...
- Une seconde, maman. Pourquoi as-tu dit "si longtemps" ? Je ne me suis fi... fi... (Ce mot-là, "fiancée", avait refusé de sortir.) Les choses ne se sont décidées qu'aujourd'hui, tu sais ?
- Vraiment ? Alors ça, c'est une surprise ! J'avais deviné...
- Quoi ? Quand ?
- Lors de ta dernière visite, en avril. J'ai eu l'impression alors que tout était conclu. Il n'est pas très difficile de te déchiffrer, ma chérie. J'ai tenu ma langue, à ce moment-là, parce que ça n'aurait servi à rien. Tu ressembles trait pour trait à Charlie. (Elle avait poussé un soupir résigné.) Lorsque tu as une idée dans la tête, inutile de tenter de te raisonner. Comme ton père, une fois ton opinion faite, tu t'en tiens à tes décisions.
Puis elle avait lâché une réflexion à laquelle je ne m'étais pas du tout attendue de sa part.
- Tu ne répètes pas mes erreurs, Bella. Tu as l'air d'être morte de peur, et c'est sûrement à cause de moi. (Elle avait ri.) De ce que je vais penser. Certes, j'ai beaucoup critiqué la bêtise du mariage, ce que je ne renie en rien, mais tu dois comprendre que mes paroles ne concernent que mon histoire. Tu es complètement différente de moi. Tu commets tes propres erreurs, je suis certaine que tu auras ta part de regrets. Mais s'engager n'a jamais été un problème pour toi, chérie. Et tes chances que ça marche sont bien plus élevées que celles de la plupart des quadragénaires que je connais. (Nouvel accès d'hilarité.) Ma petite fille d'âge moyen ! Heureusement, tu sembles avoir trouvé une âme aussi vieille que la tienne.
- Tu n'es pas... fâchée ? Tu n'estimes pas que je me trompe lourdement ?
- Eh bien, j'aurais sans doute préféré que tu patientes encore quelques années. Après tout, ai-je l'air assez vieille à tes yeux pour devenir belle-mère ? Merci de ne pas répondre à cette question purement théorique. Mais bon, il ne s'agit pas de moi. Juste de toi. Es-tu heureuse ?
- Aucune idée. La situation est un peu irréelle.
- Te rend-il heureuse, Bella ?
- Oui, mais...
- Risques-tu d'en désirer un autre un jour ?
- Non, mais...
- Mais quoi ?
- Ne vas-tu pas me dire que je ressemble à toutes ces adolescentes bêtement amoureuses qui se sont succédé depuis la nuit des temps ?
- Tu n'as jamais été une adolescente, chérie. Tu sais très bien ce qui est le mieux pour toi.
Et, de façon surprenante, ces dernières semaines, Renée s'était plongée dans les préparatifs du mariage. Elle passait des heures chaque jour au téléphone avec la mère d'Edward, Esmé. Inutile de s'inquiéter sur la borne entente des deux futures belles-mères. Renée adorait littéralement Esmé – en même temps, je n'envisageais pas que quiconque pût réagir autrement face à cette femme charmante.
Voilà qui m'avait tirée d'affaire. Nos familles respectives s'étaient chargées d'organiser les noces, ce qui m'avait permis de ne pas trop y songer.
Naturellement, Charlie était furieux. Par bonheur, pas contre moi. C'était Renée, la traîtresse. Il avait compté sur elle pour me sermonner. Il était désormais impuissant, puisque son derniers recours – maman – s'était révélé vain. Il n'avait plus d'atout dans son jeu, il en était conscient. C'est pourquoi il errait dans la maison comme un lion en cage en ronchonnant qu'il était impossible de faire confiance à quiconque de nos jours...
Extrait 2 :
Bizarre. Personne n'avait parlé, ce qu'il aurait dû savoir, puisque son ouïe était aussi fine que la mienne. Lui et Bella se contemplèrent, tous deux un peu perdus.
- Qui, moi ? répliqua-t-elle. Non, je n'ai rien dit.
Se mettant à genoux, il se pencha vers elle, une expression tendue sur le visage, mais dans un genre très différent. Ses prunelles sombres se fixèrent sur Bella.
- A quoi penses-tu, là, tout de suite ?
- A rien. Pourquoi ?
- A quoi pensais-tu il y a une minute ?
- A... l'Île d'Esmé. Aux plumes.
Je n'y compris goutte ; comme elle rougissait, j'en conclu que c'était mieux ainsi.
- Dis quelque chose, souffla-t-il.
- Quoi donc ? Que se passe-t-il, Edward ?
Une fois encore, ses traits se modifièrent, et il réagit d'une façon qui me laissa pantois. Derrière moi, Rosalie étouffa un petit cri, et je devinai qu'elle était tout aussi ahurie que moi. Très légèrement, Edward posa ses mains sur l'énorme ventre rond.
- Le f... la... le bébé aime le son de ta voix, murmura-t-il.
Il y eut un instant de silence absolu. J'étais incapable de bouger un muscle, même pas de cligner. Puis...
- Non d'un chien ! hurla Bella. Tu l'entends !
La seconde suivante, elle tressaillit. Edward déplaça ses paumes au sommet de la baudruche et caressa doucement l'endroit où la chose devait avoir donné un coup de pied.
- Chut ! souffla-t-il. Tu l'as effrayé.
Elle écarquilla les yeux, émerveillée, avant de tapoter son estomac.
- Excuse-moi, bébé.
Edward tendit l'oreille, concentré, tête baissée sur la montgolfière.
- Que pense-t-il ? s'enquit Bella, enthousiaste.
- Il... Ou elle... est...
Il s'interrompit pour la regarder, et je constatai que ses yeux étaient empreints d'une stupeur égale à celle de Bella, mais plus prudente, presque réticente.
- Heureux, termina-t-il, incrédule.
Elle hoqueta, et sa joie fanatique, son adoration, sa dévotion ne purent m'échapper. De grosses larmes débordèrent sur ses joues et ses lèvres souriantes. Quant à lui, il avait perdu sa frayeur, sa colère, tous les sentiments par lesquels il était passé depuis leur retour de voyage de noces. Il se réjouissait avec elle.
- Mais bien sûr, joli bébé, roucoula-t-elle en frottant son ventre et sans cesser de pleurer. Il est normal que tu sois heureux. Tu es bien au chaud, en sécurité, aimé. Je t'aime tant, petit EJ. Tu ne peux qu'être heureux.
- Comment l'as-tu appelé ? sursauta Edward.
Elle s'empourpra derechef.
- Je lui ai déjà donné un prénom. Je pensais que tu ne voudrais pas... enfin, tu sais.
- EJ ?
- Edward J. Ton père naturel s'appelait bien Edward, non ?
- Si. Que... Hum.
- Oui ?
- Il aime ma voix également.
- Ca va de soi, rayonna-t-elle. Tu as la plus belle voix du monde. Qui ne l'aimerait pas ?
- As-tu un plan de rechange ? s'inquiéta Rosalie en se penchant par-dessus le dossier du canapé, tout en étant aussi émerveillée que les deux autres. Et si c'était une fille ?
Bella essuya ses yeux du revers de la main.
- Je pensais à... Re-nez-may.
- Renezmay ?
- Renesmée. C'est trop bizarre ?
- Non, j'aime bien, la rassura Rosalie. C'est magnifique. Et ça correspond à ce qu'elle sera : unique en son genre.
Extrait 3 :
Il continuait à arpenter la pièce, de plus en plus vite.
- Un père qui lit dans les esprits, enchaîna-t-il, une mère-bouclier, et la magie surprenante grâce à laquelle cette enfant extraordinaire nous a envoûtés. Je me demande si ce don a un nom ou s'il est la norme chez un hybride. Enfin, dans la mesure où un vampire hybride peut être considéré comme normal !
- Pardonne-moi, intervint Edward d'une voix ébahie en retenant l'homme dans ses allers-retours. Que viens-tu de dire à propos de ma femme ?
L'autre le contempla curieusement, oubliant soudain son agitation maniaque.
- Qu'elle est un bouclier. Je n'en suis pas certain, puisqu'elle me bloque.
Déroutée, je le dévisageai. Un bouclier ? Qu'est-ce que cela signifiait ? Et comment est-ce que le "bloquais" ? Je me tenais juste à côté de lui, tranquille.
- Un bouclier ? répéta Edward, ahuri.
- Allons, Edward ! Si je n'arrive pas à la lire, toi non plus, j'imagine. Perçois-tu ses pensées ?
- Non, je n'en ai jamais été capable. Même quand elle était humaine.
- Jamais ? s'écria Eleazar. Intéressant. Cela suppose un talent plutôt puissant, s'il se manifestait déjà avant la transformation. Malheureusement, je n'arrive pas à percer ses défenses, donc j'en suis réduit à supputer. Pourtant, elle doit être encore à l'état brut, puisqu'elle n'a que quelques mois. (Il adressa un regard presque exaspéré à Edward.) Dire qu'elle est complètement inconsciente de son pouvoir ! Aro m'expédiait dans le monde entier à la recherche de telles anomalies, et toi, tu tombes sur l'une d'elles par hasard sans t'en rendre compte ! Quelle ironie !
Il secoua la tête avec incrédulité.
- Mais de quoi parles-tu ? lançai-je. Comment puis-je être un bouclier ? Ca veut dire quoi ?
Je me représentais une armure médiévale ridicule et rien d'autre. Eleazar inclina la tête et m'examina.
- Je suppose que nous étions un peu trop formalistes, dans la garde. Cataloguer les talents est très subjectif et hasardeux. Chacun est unique en son genre. Il n'empêche que toi, Bella, tu es assez facile à classifier. Les talents uniquement défensifs, destinés à protéger celui qui en est doué, sont toujours appelés "boucliers". As-tu déjà testé tes aptitudes ? As-tu déjà bloqué quiconque, en dehors de moi et de ton compagnon ?
En dépit de la vitesse à laquelle fonctionnait mon cerveau, il me fallut plusieurs secondes pour répondre.
- Cela ne fonctionne que pour certaines choses, murmurai-je. Mon esprit est... réservé, en quelque sorte. Mais Jasper est capable de détecter mes humeurs, et Alice voit mon futur.
- Alors, c'est une défense essentiellement mentale, commenta-t-il. Puissante mais circonscrite.
- Aro n'a pu l'entendre, précisa Edward. Alors qu'elle était humaine quand ils se sont croisés.
Eleazar écarquilla les yeux.
- Jane a essayé de m'atteindre, en vain, renchéris-je. D'après Edward, Démétri ne me localiserait pas, et je serais hermétique aux attaques d'Alec. C'est bien ?
- Plutôt, oui ! acquiesça l'homme, hébété.
- Un bouclier ! s'écria Edward sur un ton extrêmement satisfait. Je n'y avais pas pensé. Le seul que j'aie jamais connu, c'est Renata, et elle exprime son don de façon très différente.
- Qui est Renata ? demandai-je. Et que fait-elle ?
Soudain intéressée par notre conversation, Renesmée se pencha de façon à nous voir.
- Renata est le garde du corps personnel d'Aro, m'expliqua Eleazar. Elle est très forte elle aussi et bien pratique.
Si je me rappelais vaguement la troupe de vampires des deux sexes rôdant autour d'Aro dans sa tour macabre, leurs traits ne me revinrent pas. Renata avait dû être parmi eux.
- Je me demande si..., commença Eleazar. Vois-tu, Renata est un bouclier efficace contre toute attaque physique. Si, dans une situation hostile, un adversaire l'approche – ou Aro, puisqu'elle est constamment à son côté –, il... perd tous ses moyens. Une force quasiment indétectable le repousse. Par exemple, il emprunte une direction tout autre que celle qu'il avait arrêté au départ, l'esprit si confus qu'il ne sait plus quelles raisons l'ont poussé à se déplacer. Renata est capable de projeter son bouclier à plusieurs mètres alentour. Elle défend également Caïus et Marcus quand c'est nécessaire, même si sa priorité est Aro. Toutefois, comme chez la majorité des vampires, son don est mental, pas physique. Si toi et elle vous affrontiez, je me demande qui l'emporterait. C'est la première fois que je rencontre quelqu'un ayant le pouvoir de bloquer les dons d'Aro et de Jane.
- Tu es spéciale, maman, me dit Renesmée sans paraître autrement surprise.
J'étais un peu perdue. Ne disposais-je pas déjà du talent de me maîtriser, qui me permettait de sauter l'étape horrible des premiers mois de la vie d'un nouveau-né ? Les vampires n'avaient qu'un don, non ? Ou alors, Edward avait eu raison dès le départ, en suggérant que mon contrôle sur moi n'était que le fruit d'une préparation intense, contrairement à Carlisle, qui supposait que, là peut-être, résidait mon pouvoir. Lequel des deux avait raison ? Etais-je en mesure de faire plus encore ? Existait-il une catégorie, un nom pour celle que j'étais devenue ?
- Sais-tu projeter ? s'enquit Kate avec curiosité.
- Pardon ?
- Appliquer ton talent à un autre, m'expliqua-t-elle. Défendre une personne qui ne soit pas toi.
- Aucune idée. Je n'ai jamais essayé, puisque j'ignorais que je possédais un pouvoir.
- Ce n'est peut-être pas le cas, s'empressa-t-elle de préciser. Dieu sait que je travaille sur le mien depuis des siècles. Or, je ne parviens qu'à l'étendre à tout mon corps.
Je la dévisageai sans comprendre.
- Kate est en mesure d'envoyer des décharges électriques, intervint Edward. C'est un don offensif, un peu comme celui de Jane.
Instinctivement, je m'écartai d'elle, qui s'esclaffa.
- Je ne suis pas sadique, me rassura-t-elle. Disons simplement qu'il est fort utile en cas de bagarre.
Peu à peu, l'ampleur de ce que venait de dire Kate s'imposait à moi. "Défendre une personne qui ne soit pas toi." Cela supposer que j'étais en mesure d'inclure quelqu'un dans mon étrange tête silencieuse. Je me rappelai Edward se tordant sur les dalles de la tour des Volturi. Bien qu'humain, ce souvenir-là était plus vif et plus douloureux que la plupart de ceux qui me restaient. Comme s'il avait été marqué au fer rouge dans mon cerveau. Et si j'étais capable d'empêcher que cela se reproduise ? Si j'étais susceptible de le protéger ? Ainsi que Renesmée ?
- Tu dois absolument m'apprendre à utiliser mon talent ! m'écriai-je en attrapant Kate par le bras sans réfléchir. Tu dois me montrer comment il fonctionne !
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